19

 

— Je l’ai vu, je te le jure !

— C’est impossible. Tu dois te tromper.

— Me tromper à propos d’une chose pareille ? Tu plaisantes ! protesta Kai.

— Je ne crois pas à la voyance. Sweeney avait peut-être déjà commencé ce tableau, mais elle aura ajouté le visage de Candra après avoir appris la nouvelle !

— Elle n’aurait pas pu deviner la façon dont Candra était habillée ce soir-là ! Moi, en revanche, je sais ce qu’elle portait. J’ai vu notre amie à cette fête, tu te souviens ? Or tout correspond, au détail près ! Les escarpins, la robe, les bijoux !

— C’est incroyable. Sweeney aura obtenu ces informations d’une autre façon.

— Elle n’avait aucun moyen de le savoir, persista Kai. Que tu croies ou non à ses dons de médium ne change rien à l’affaire. Ce tableau existe : je l’ai vu ! Il te faut trouver une solution !

— Une solution ? Comment veux-tu que je fasse ? Officiellement, je ne suis au courant de rien ! Toi, par contre, tu vas faire ton devoir de citoyen et aviser la police de cet étrange phénomène. À priori, ils vont la croire coupable. Au pire, la police confisquera le tableau et Sweeney ne pourra pas le terminer.

— Tu ne crois pas que les flics pourraient lui demander de peindre le visage de l’assassin ?

— Et pourquoi l’en prieraient-ils ?

Kai avait le sentiment de s’adresser à un mur. Il s’efforça de conserver son calme.

— Dans un premier temps, ils penseront que Sweeney est coupable. Malheureusement, il n’y a aucune preuve contre elle – hormis cette peinture. Ensuite, elle les convaincra qu’elle dit la vérité. Alors ils n’attendront plus qu’une chose : qu’elle peigne le visage de l’assassin !

— Ils ne pourront pas se servir de cette toile devant un tribunal.

— Non, mais dès qu’ils sauront dans quel sens chercher, tu te doutes bien qu’ils trouveront une preuve pour te confondre.

— Non, je ne le pense pas. Toutes leurs découvertes orienteront leurs soupçons sur quelqu’un d’autre, et tu le sais.

— Et ton visage ? s’exclama Kai, qui perdait patience. Dès que les policiers en auront une image précise, ils montreront ton portrait au concierge, et alors, à ton avis, que se passera-t-il ?

Le jeune homme venait d’ébranler son vis-à-vis. Les deux complices se regardèrent un long moment sans mot dire.

— Tu as raison, Kai. Il faut qu’on limite les dégâts. Je pense vraiment que tu devrais aller la dénoncer. Cela te laverait de tout soupçon. Et puis réfléchis : les flics ne la laisseront pas travailler sur le tableau. Autrement, ils ne pourraient plus s’en servir contre elle ! Ils tiennent une coupable. Ils ne vont pas risquer de la disculper.

— Et s’ils prennent le risque ?

— Dans ce cas, nous opterons pour la solution de rechange. Avec des preuves matérielles, et la bande magnétique comme mobile, tu crois vraiment que les flics accorderaient foi à la peinture d’une cinglée ? Il faudrait qu’il meure, bien sûr, et qu’il laisse une lettre expliquant son suicide. Quelle tristesse.

Kai se détendit. La logique de ce plan le rassurait. Pour la première fois depuis qu’il avait vu la toile dans l’atelier de Sweeney, le jeune homme nourrit l’espoir de sortir indemne de cette histoire.

— Et puis il y a toujours la solution imparable.

— C’est-à-dire ?

— Tuer Sweeney, voyons. Avant qu’elle ne termine le tableau.

En fin d’après-midi, Sweeney eut de nouveau la visite des inspecteurs Ritenour et Aquino. Leur regard froid lui glaça les sangs. Elle devina aussitôt l’indiscrétion de Kai. Quel sale con, pensa-t-elle.

— Miss Sweeney, déclara l’inspecteur Aquino, avec votre permission, nous aimerions procéder à la fouille de votre appartement. Si vous l’exigez, nous pouvons obtenir un mandat dans l’heure, mais les choses se passeront beaucoup mieux si vous coopérez.

La jeune femme soupira.

— Le tableau est dans l’atelier. Je vais aller le chercher.

— Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous aimerions vous accompagner, dit Ritenour.

Les deux flics lui emboîtèrent le pas.

Elle était tellement fatiguée qu’elle n’en avait cure. Elle se devait de terminer cette toile. Ne pas agir équivalait à laisser un tueur courir. Cela dit, elle n’aurait probablement pas le loisir de travailler durant les heures qui allaient suivre.

— Il est là, dit-elle en se dirigeant vers le tableau.

Les policiers se placèrent derrière Sweeney. De peur, sans doute, qu’elle fît quelque chose de stupide : partir en courant, par exemple. Elle les ignora, tandis qu’ils étudiaient la toile. Sweeney devinait ce qu’ils pensaient.

— Comment se fait-il que vous connaissiez autant de détails ayant trait à ce meurtre ? demanda Ritenour d’un ton neutre.

— Vous ne me croirez pas, répondit-elle, désespérée.

— Essayez toujours.

— Je ne connaissais aucun élément en rapport avec ce crime.

Sweeney demeura immobile, aux aguets, tel le lapin qui sent le loup à l’entrée de son terrier.

— J’ai peint cette toile dans mon sommeil.

Leurs expressions sarcastiques étaient plus qu’édifiantes.

— Nous aimerions que vous nous accompagniez au poste de police, déclara l’inspecteur Ritenour. Nous emporterons ce tableau, en tant que pièce à conviction.

Sweeney ne l’écoutait pas. Elle s’efforçait de maîtriser le sentiment de panique qui la gagnait. Les policiers ne pourraient jamais l’incriminer, puisqu’elle était innocente. Elle se raccrocha à cette idée.

— J’ai peint cette toile dans mon sommeil, répéta-t-elle avec conviction. Il m’arrive d’avoir des crises de somnambulisme. À mon réveil, je m’aperçois que j’ai peint quelque chose pendant la nuit, mais je n’en garde aucun souvenir. Attendez – j’ai fait un autre tableau ! Un marchand de hot-dogs qui a été assassiné il y a quelques jours. Il s’appelait Elijah Stokes. Un témoin a vu un homme s’enfuir. On ne pourra dong pas m’impliquer dans ce meurtre.

Sweeney s’empressa d’ouvrir son placard, de sortir la toile représentant la mort du vieux marchand. Elle évita de regarder ce visage qui avait toujours exprimé la bonté – et qui n’exprimerait plus jamais rien.

Ritenour se saisit du tableau, l’examina d’un air sombre.

— Je n’ai pas suivi cette affaire. Il faudra que nous vérifiions.

Les policiers ne croyaient pas un mot de ce qu’elle racontait, Sweeney comprit soudain qu’on pouvait l’accuser – outre de l’assassinat de Candra – de complicité dans le meurtre de Mr Stokes. À moins qu’elle ne se disculpât, mais comment ? Un frisson lui parcourut l’échine. Elle serra instinctivement ses bras autour d’elle, les frictionna.

— Depuis un an, il m’arrive des choses bizarres, avoua-t-elle.

Les inspecteurs ne lui prêtèrent aucune attention. Ils ne voyaient qu’une explication possible : Sweeney s’était trouvée sur le lieu des deux crimes. Une peur affreuse la saisit. Il lui fallait tenter de convaincre ces policiers, coûte que coûte.

— Allez chercher vos chaussures et votre sac à main, je vous prie, lui ordonna Joseph Aquino.

Sweeney s’exécuta et prit un manteau de surcroît. Les enquêteurs lui lancèrent des regards ébahis. Il avait fait vingt-sept degrés, ce jour-là. Sweeney sentait pourtant un froid glacé s’insinuer dans ses os. Elle lutta contre, en s’efforçant de rester maîtresse d’elle-même.

Aquino s’empara du sac de Sweeney, regarda dedans. Après quoi il le lui rendit et prit son bras.

— Écoutez, dit la jeune femme en gardant son calme. Lorsque nous serons en voiture, surveillez bien les feux.

— Nous respectons toujours les feux de la circulation, ironisa Ritenour, tandis qu’ils escortaient Sweeney dans l’ascenseur.

Ils la firent monter dans une berline banalisée, après avoir mis les tableaux dans le coffre. Sweeney remarqua que les portières arrière étaient dépourvues de poignées. Ignorant tout des procédures policières, elle se demanda si elle se trouvait en état d’arrestation. Dans l’affirmative, on lui proposerait de téléphoner à son avocat. Or la seule personne à qui Sweeney eût envie de parler était Richard. Elle se refusait toutefois à le replonger dans l’ambiance sinistre d’un poste de police.

La circulation devenait plus fluide, les feux passaient au vert à l’approche du véhicule banalisé. Les voitures s’écartaient sur son passage, ou bien bifurquaient dans des rues adjacentes. Les flics n’eurent pas à ralentir une seule fois durant le trajet. Lorsqu’ils arrivèrent devant le poste de police, un break quitta une place de parking, non loin de l’entrée. Aquino poussa un juron étouffé.

Le poste de police grouillait de monde. Sweeney se retrouva happée dans un univers indifférencié de bureaux cubiques, de casiers métalliques, de cris, de jurons, de rires, de policiers armés, de femmes flics en uniformes. On invita la suspecte à s’asseoir sur une chaise bancale, dans une pièce miteuse. Des foules de pensées tourbillonnaient dans sa tête – elle cherchait le moyen de prouver sa bonne foi.

Sweeney fut soudain agitée de frissons. Elle enfila son manteau, se pelotonna dedans. C’était donc bien un stress violent qui provoquait ces crises d’hypothermie, songea-t-elle.

— Miss Sweeney, où étiez-vous durant la nuit d’avant-hier ? l’interrogea l’inspecteur Ritenour, d’un ton froid, tout en la dévisageant.

L’officier de police avait des yeux d’un bleu très pâle et des cheveux d’un blond presque blanc.

— Chez moi, répondit Sweeney, qui claquait des dents. Il se passe des choses étranges dans ma vie depuis un an. Outre le miracle des feux de la circulation, et le fait que des places de parking se libèrent à mon intention, mes plantes fleurissent six fois dans l’année.

— Miss Sweeney, reprit le policier d’une voix dure, est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui pourrait s’intéresser à vos plantes d’appartement ?

Non, pensa Sweeney. Ritenour semblait plutôt s’être retenu d’ajouter un juron devant le mot plantes.

La jeune femme ouvrit la bouche pour évoquer les fantômes, mais se ravisa : cet aveu-là ne ferait qu’aggraver les choses.

— J’ai commencé le tableau il y a plusieurs jours. Je ne saurais dire quand exactement. Un matin, en me réveillant, j’ai découvert que j’avais peint deux souliers durant la nuit. Une chaussure d’homme et un escarpin de femme. Chaque matin, je trouv… trouvais un aj… ajout.

Sweeney se tut : ses dents s’entrechoquaient.

— Voulez-vous du café ? demanda Joseph Aquino.

Elle accepta avec gratitude. Le policier sortit de la pièce et Sweeney reporta son attention sur Ritenour.

— Au bout de-de quelques jours, j’ai com… compris que mon tableau représentait une scène de meurtre, mais je ne… ne pouvais pas sa… savoir qui é… étaient la victime et l’assassin : je n’avais pas encore peint les vi… visages. Hier ma… matin, en me réveillant, j’ai vu qu’il s’agissait de Candra. J’ai tenté de la joindre, de l’a… l’avertir, mais personne n’a répondu à la ga… galerie. Alors j’ai appelé le bu… bureau de Richard et son assistante m’a dit que Candra était m… morte.

Sweeney tremblait violemment. Ses mains avaient viré au blanc, comme si ses veines s’étaient vidées de leur sang.

— Si tout cela est vrai, pourquoi ne pas nous l’avoir dit ce matin ?

Malgré lui, Ritenour s’intéressait à ces curieuses manifestations. Des centaines de personnes s’adressaient à la police à longueur d’année, affirmant détenir des informations sur des crimes qui n’avaient pas encore eu lieu, se prétendant médiums. Ces illuminés espéraient seulement voir leur nom imprimé dans le journal. L’inspecteur Ritenour savait par expérience que ces témoins spontanés étaient le plus souvent coupables des délits qu’ils entendaient dénoncer. Les humains sont vraiment bizarres, songea l’officier de police.

— Je savais que… que vous ne m… me croiriez p… pas.

Sans blague, pensa Ritenour, mais il se maîtrisa. Qu’arrivait-il à cette jeune femme ? Elle paraissait gelée, comme si elle sortait d’une chambre froide. Elle s’emmitouflait dans ce manteau, alors qu’il faisait plus de vingt-cinq degrés dans la pièce ! Pourtant, elle ne simulait pas : elle avait les lèvres violettes.

Le policier fronça les sourcils, puis sortit sans explication. Il croisa Joseph Aquino, qui revenait avec un gobelet de café.

— Notre cliente a un problème, annonça Ritenour à son coéquipier. Elle claque des dents. Je me demande si nous ne devrions pas appeler un médecin et la faire soigner pour hypothermie.

L’enquêteur de police ne plaisantait qu’à moitié.

— Merde, fit Aquino.

Un incident médical obligerait les inspecteurs à reporter l’interrogatoire. Bien sûr, il suffisait que l’artiste demande l’assistance d’un avocat pour qu’ils ne puissent plus la questionner. Cependant, Sweeney n’avait pas souhaité qu’on la défende.

— Le café va peut-être la réchauffer, remarqua Aquino.

Les deux flics regagnèrent la salle d’interrogatoire.

Sweeney était restée assise dans la même position, nota Joseph Aquino. Il posa le gobelet de café devant elle. Sweeney ne put le porter à sa bouche : elle tremblait tellement qu’elle en renversa une partie sur la table.

— On a des pailles ? marmonna Ritenour.

Joseph Aquino haussa les épaules, perplexe. Sweeney se réchauffa les mains sur le gobelet, se pencha en avant, aspira du café sans bouger le récipient. Le breuvage sembla la revigorer. Après en avoir bu deux gorgées, elle parvint à soulever sa tasse sans répandre la moitié du liquide.

Ritenour revint à la charge.

— Miss Sweeney, saviez-vous que Mr et Mrs Worth avaient fait établir un contrat de mariage ?

— Non, répondit-elle, abasourdie. Pourquoi l’aurais-je su ?

— Vous fréquentez Mr Worth. Une femme s’inquiète généralement de la situation financière de son amant. À fortiori si celui-ci divorce, et qu’il est en passe de perdre la moitié de ses biens.

— Je… Nous… déclara Sweeney. Notre relation est très récente. Nous n’avons pas…

— Vous estimez le connaître assez pour passer la nuit chez lui, la coupa Aquino. Nombre d’actes et de comportements sont motivés par l’appât du gain, miss Sweeney.

— Richard devait verser une somme d’argent à Candra, dont j’ignore le montant. Mais cela ne pouvait représenter la moitié de ce qu’il possède.

Les policiers acquiescèrent. Ritenour se frotta la mâchoire. Il portait une montre énorme, truffée de boutons. Sweeney considéra l’objet, tandis qu’une idée se faisait jour dans son esprit.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle.

Ritenour consulta sa montre.

— 18 h 43.

— Je peux vous prouver que j’ai un don de voyance, déclara Sweeney. Vous avez vu la façon dont j’influe sur les feux de la circulation ? Cela se produit chaque fois que j’effectue un trajet en voiture. Mais je crois avoir trouvé un moyen de vous prouver que je suis médium.

— Ah oui ? Lequel ? s’enquit Joseph Aquino.

Les officiers de police paraissaient sceptiques, mais du moins n’avaient-ils pas opposé un refus catégorique à Sweeney.

— Y a-t-il une télévision, ici ? Jeopardy ! va bientôt commencer.

— Et alors ?

— Alors ce jeu est diffusé en direct. La probabilité que j’aie déjà vu l’émission est nulle. D’accord ?

Ritenour haussa les épaules.

— D’accord.

Sweeney termina son café. Elle frissonnait encore, mais ne claquait plus des dents.

— Et si j’étais capable de deviner les réponses avant les joueurs ? Admettriez-vous alors que j’aie pu peindre ce tableau sans avoir jamais vu le lieu du crime ?

Les officiers de police toisèrent la jeune femme en silence. Sweeney les dévisagea de son côté, d’un air de défi. Aquino désigna la porte d’un mouvement de tête à son collègue. Les deux flics sortirent de nouveau de la pièce. Sweeney se demanda si elle allait tenir le coup.

Les inspecteurs Aquino et Ritenour firent quelques pas dans le couloir.

— Qu’en penses-tu ? s’enquit Joseph Aquino.

— On n’a rien à perdre, Joey. Allons voir Jeopardy !

— Et qu’est-ce que cela prouvera ? Que notre demoiselle est très cultivée ?

— Non. Cela prouvera qu’elle est – ou non – voyante. Je trouve la chose intéressante. Nous n’avons pas à croire tout ce qu’elle nous raconte, mais il me semble juste de le vérifier. Le tableau n’est pas la seule pièce à conviction. Le labo est en train d’analyser les fibres. Nous verrons bien si certains échantillons viennent de chez cette fille.

— Je crois que tu as simplement envie de voir Jeopardy.

Ritenour leva les yeux au ciel.

— Cela ne prendra pas longtemps. Et comme ça, nous saurons à quoi nous en tenir.

Les couleurs du crime
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